Marc chagall
[Vítebsk,
Bielorrusia, julio 7, 1887 –
+
Saint-Paul de Vence, Francia, marzo 28, 1985]
Seul est mien
Poèmes #12 - 1968
Seul
est mien
le pays
qui se trouve dans mon âme.
J’y
entre sans passeport
comme
chez moi.
Il voit
ma tristesse
Et ma
solitude.
Il
m’endort
et me
couvre d’une pierre parfumée.
En moi fleurissent des jardins.
Mes
fleurs sont inventées.
Les
rues m’appartiennent,
mais il
n’y a pas de maisons.
Elles
ont été détruites dès l’enfance.
Les
habitants vagabondent dans l’air
a la
recherche d’un logis.
Ils
habitent mon âme
Voilà
pourquoi je souris
quand
mon soleil brille à peine
Ou je
pleure
comme
une légère pluie
dans la
nuit.
Il fut
un temps où j’avais deux têtes
Il fut
un temps où ces deux visages
Se
couvraient d’une rosée amoureuse
et
fondaient comme le parfum d’une rose.
A
présent il me semble
que
même quand je recule
je vais
en avant
vers un
haut portail
derrière
lequel s’étendent des murs
où
dorment des tonnerres éteints
et des
éclairs brisés.
Seul
est mien
le pays
qui se trouve dans mon âme.
Marc chagall
Sólo es mío
Sólo es
mío
el país
que se encuentra en mi alma.
Entro
sin pasaporte
como a mi
casa.
Él ve
mi tristeza
y mi soledad
y me duerme
y me
cubre con una piedra perfumada.
En mí
florecen los jardines.
Mis
flores son inventadas.
Las
calles me pertenecen,
pero no
hay allí ninguna casa.
Estuvieron destruidas desde la infancia.
Los
habitantes vagabundean en el aire
en busca
de un hogar.
Viven
en mi alma.
Es por eso que sonrío
cuando
mi sol brilla apenas.
O lloro
en la noche
como una lluvia ligera.
Hubo un
tiempo en que yo tenía dos cabezas.
Hubo un
tiempo en que yo tenía dos rostros.
Se cubrían
de un rocío amoroso
y se
fundían en el perfume de una rosa.
Ahora
me parece
que,
aun cuando retrocedo,
voy
para adelante
hacia
un enorme portal
detrás
del que se extienden los muros
en los
que duermen los truenos muertos
y los
relámpagos estrellados.
Sólo es
mío
el país
que se encuentra en mi alma.
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